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Aurialie Jublin

Derrière les promesses de l'intelligence artificielle, le cauchemar du "digit... - 0 views

  • En l’absence de régulation, le digital labor préfigure le pire du travail : un monde de travailleurs isolés, privés de droits sociaux et iolés les uns des autres, livrés aux conditions léonines des employeurs — et accomplissant des tâches standardisées, fragmentées, peu qualifiées et dépourvues de sens global. Ici et là, des tentatives de régulation ou de création de plateformes équitables sont en cours. Il est urgent de les soutenir, si l’on ne veut pas que le développement croissant de l’automatisation ne soit synonyme non d’une disparition du travail, mais de sa dégradation irrémédiable.
  • Cet imaginaire largement libertarien irrigue profondément la culture du web depuis ses débuts et s’incarne, par exemple, dans la figure du hacker ou de l’entrepreneur nomade, du passionné qui s’accomplit dans un « projet professionnel qui est aussi existentiel ». Mais Antonio Casilli note combien cette vision est élitiste et ne prend pas en compte l’asymétrie des forces dans un marché du travail en berne où le chômage est élevé et l’ascenseur social en panne,
  • « Ce ne sont pas les machines qui font le travail des hommes, mais les hommes qui sont poussés à réaliser un digital labor pour les machines en les accompagnant, en les invitant, en les entraînant », résume le chercheur. Les intelligences artificielles doivent toujours être paramétrées, entraînées et encore très largement supervisées par des humains, malgré les progrès des méthodes d’apprentissage non supervisés. Les progrès fulgurants des IA ces dernières années sont surtout dus à l’explosion des quantités de données d’entraînement : or celles-ci doivent être triées, annotées, préparées par des humains. Et enfin, ces programmes doivent être évalués et corrigés pour pouvoir s’améliorer. Ainsi, les utilisateurs vont utiliser pendant plusieurs années une version beta du service Gmail de Google, pour l’améliorer, ou tagger leurs amis sur des photos et contribuer ainsi sans nécessairement en avoir conscience à l’affinement du service de reconnaissance faciale de Facebook : « C’est un travail humble et discret, qui fait de nous, contemporains, à la fois les dresseurs, les manouvriers et les agents d’entretien de ces équipements. » La question que pose l’intelligence artificielle et l’automatisation, ce n’est donc pas celle de la menace sur l’emploi – mais celle de la transformation profonde du travail pour répondre aux besoins de la machine.
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    "Un spectre hante l'intelligence artificielle, c'est le digital labor. Le dernier livre du sociologue Antonio Casilli , spécialiste des réseaux sociaux et des mutations du travail à l'ère numérique, dresse un panorama sombre des nouvelles formes de travail déconsidéré ou invisible apparues avec l'essor des plateformes et de l'automatisation."
Aurialie Jublin

Gilles Babinet : «Il faut arrêter ce projet et mettre en place une concertati... - 0 views

  • Il y a aujourd’hui une compétition entre réseaux sociaux. En Chine, WeChat a intégré depuis longtemps un système de paiement, qui rencontre un grand succès. S’il ne lance pas un service équivalent, Facebook peut se mettre en danger et va avoir du mal à perdurer. Mais à la différence d’un autre réseau social, Facebook ne peut pas le faire sans concertation, à la fois pour des raisons de taille, d’historique et de gouvernance.
  • On ne peut pas lancer un système de paiement avec une échelle, à terme, de 2,5 milliards d’utilisateurs, sans une large concertation avec les parties prenantes, à commencer par les Etats, et ce pour cinq raisons. La première, c’est justement le nombre d’utilisateurs concernés. La deuxième, c’est que la conjugaison entre un réseau social avancé et un système de paiement est précisément ce qui permet les systèmes de «crédit social», comme en Chine, avec une sanction des «mauvais comportements». La troisième, c’est le risque que demain, Facebook se mette à faire du crédit, et donc de l’émission monétaire. La quatrième, c’est qu’un tel projet a, selon moi, une nature politique. Je me souviens de ce que disait Peter Thiel, qui siège toujours au conseil d’administration de Facebook, lorsqu’il a lancé PayPal : il le voyait comme un moyen de contourner les Etats… Enfin, la cinquième raison est que, par le passé, Facebook n’a pas démontré, loin s’en faut, sa capacité à avoir une gouvernance optimale dans ses projets.
  • A long terme, il y a un risque politique : celui de voir émerger une puissance monétaire en capacité, notamment, d’influencer les marchés. C’est peut-être à l’échéance de cinq ou dix ans, mais c’est un risque significatif.
  • ...3 more annotations...
  • Je ne vois pas Facebook rencontrer un succès dans les systèmes de paiement sans vouloir aller plus loin : si vous connaissez le comportement des gens, vous êtes capable de qualifier le risque attaché à l’utilisation de l’argent, donc de créer des produits financiers sophistiqués, des produits assurantiels… Et je ne les imagine pas se limiter à un système de transaction et ne pas venir, à terme, sur l’émission monétaire.
  • Je ne suis pas sûr qu’il faille vraiment démanteler Facebook, mais je suis certain qu’il faut en changer la gouvernance. On ne peut pas avoir des gens qui débarquent dans la vie de 2,5 milliards de personnes et disent : «On a parlé avec le gouverneur de la Banque centrale d’Angleterre et avec quelques régulateurs, et on y va.» C’est inacceptable.
  • Il faut d’abord arrêter ce projet, et mettre en place une concertation avec les Etats, à commencer par le G7. Des débats citoyens seraient sans doute nécessaires : l’émission monétaire, les produits financiers, ce sont des sujets assez techniques, mais ce sont des enjeux importants. De façon plus générale, il y a une asymétrie entre les Etats qui cherchent à innover mais sont soumis à des règles, à des normes, et les innovateurs - le cas de Facebook est très emblématique - qui ont une culture de la rupture. Et cette asymétrie est très défavorable aux Etats. Il faut que nous ayons, entre les deux, la capacité à faire naître de l’innovation qui soit réellement au service du bien commun. Jusqu’à preuve du contraire, et même si c’est une plateforme fantastique, le bien commun n’est pas dans Facebook.
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    "Gilles Babinet, spécialiste des questions numériques, détaille les raisons pour lesquelles le libra présente de vrais risques à terme, et menace notamment la souveraineté des pays."
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